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Séminaire national des corps d’inspection en charge de l’enseignement des Arts du cirque

jeudi 3 mars 2016, par Cédric Vernoud

Le titre de la journée « enseigner les arts du cirque » et une « idée force » : le cirque en poésie.

Monsieur Abiad, professeur d’EPS de notre Académie, a participé à cette formation et nous adresse le bilan des échanges qui s’y sont tenus.

« L’accueil d’une trentaine de participants a lieu dans un centre culturel en plein cœur de Paris, dans le quartier populaire du 19ème arrondissement. Un nom ou un numéro « le 104 » , situé 5 rue Curial 75019 Paris (métro RIQUET et 10 minutes de marche environ)
Monsieur Patrick LAUDET, inspecteur Général, groupe des lettres, salut l’assemblée ainsi que les organisateurs et excuse l’absence de Mme Michèle JEANNE ROSE, IGN groupe EPS, retenue par l’actualité après la disparition de lycéens Lyonnais dans une avalanche.

Le titre de la journée « enseigner les arts du cirque » et une « idée force » : le cirque en poésie.

Monsieur LAUDET commence par la lecture d’un extrait tiré du livre de Bernard Kudlak, co fondateur du Cirque Plume, qui exprime l’importance des rêves dans l’acte de création. « Nous créons nos images, nos poèmes ».

Il exprime la volonté d’associer les IPR de lettres et d’EPS à ce séminaire afin que chaque académie puisse ouvrir une option cirque comme cela est la cas en théâtre ou danse par exemple. Il rappelle que le bac cirque, historiquement créé à Châtellerault, visait plutôt une pré-professionalisation. Ce ne serait pas l’objectif visé aujourd’hui même si elles peuvent servir de tremplin pour en faire son métier.
L’option cirque doit venir s’arrimer aux autres options artistiques sans chercher à compenser la baisse des effectifs en section littéraire.

L’autre visée à court terme serait d’envisager une certification complémentaire Cirque comme elle existe déjà en théâtre, la danse, cinéma …

Enfin, il souligne l’actualité des EPI, puisque le cirque est au carrefour de tous les arts, il fait le jeu de toutes les disciplines. Il apporte sa manière, sa diversité, sa mixité, son inter- génération, …et invite les enseignants à réfléchir : qu’est ce que le cirque a à dire au monde de l’Ecole ?

Il conclu par l’image d’une première rencontre qui en appelle d’autres, une sorte « d’appel du CENTQUATRE » afin qu’une petite communauté tendent vers une évolution des structures et des textes qui passera par un partage d’expériences et de points de vues. Cette première pierre IGN-IPR en Art du Cirque prendra la même forme que leurs consœurs en théâtre, cinéma et danse.

Quelle philosophie pour réussir ? Le premier défi sera de l’ordre du rapport théorie/pratique. Personne n’ignore les distances et même parfois les tensions entre le monde culturel et celui du corporel. Il semble important que le dossier Cirque soit co-piloté entre les IPR THEATRE et EPS dans chaque académie. « On avance petit à petit »

CONFERENCE INAUGURALE du Docteur Philippe GOUDARD, professeur des Universités, en art du spectacle, Université Paul Valéry à Montpellier. (Auteur du livre entre l’élan et la chute)

A travers son parcours de vie, il se définit comme un pur produit des parcours artistiques à l’école.
Aujourd’hui référent universitaire en art du cirque, il décrit son parcours de 1968 à 2015. Il découvre les planches au club théâtre de l’école puis suit des stages jeunesse et Sports. Un spectacle d’Alexis GRUSS le confirme dans ses recherches, et entre dans une compagnie théâtrale en 1969. Un an plus tard, ses études de médecine ne l’empêchent pas de suivre des stages de recherches du jeu d’acteur.

Il délaisse alors ses études, au grand dame de son père dit-il, pour pratiquer son art en professionnel et ouvre une école de cirque. Il revient plus tard à la médecine et trouve un maître de stage qui accepte sa soutenance de thèse sur le monde des arts.

Engagé au tout nouveau CNAC, le centre National des Arts du Cirque, il dispose de moyens et de temps et décroche son DEA : « recherches en histoire et images esthétiques ». Il fut un précurseur en Europe pour identifier et analyser les accidents et traumatismes dans le monde des artistes de cirque. Même s’il reconnaît que des avancées scientifiques sont diverses aujourd’hui il souligne que cela ne débouche toujours pas sur des décisions politiques de préventions.

Sur le plan artistique il poursuit sa carrière d’artiste clown avec les compagnies Maripaule.B et Philippe Goudard de 1975 à 2006.
Une question est posée sur la formation des circassiens dans les écoles : ils consacrent tout leur temps à la pratique ou la théorie de leur discipline mais ne peuvent pas suivre une autre formation universitaire par exemple. Bref, ils quittent leurs études. A coté de cela, le statut des athlètes de haut niveau post bac permet de s’inscrire quand même en fac ou dans un IUT…il y a là une différence sensible en particulier lorsque le circassien cesse son activité pour des raisons de blessure, d’âge, de saturation, de chômage…Le statut des artistes et des sportifs est débattu.
Monsieur LAUDET présente le bac cirque comme une formation de bachelier et non d’un artiste de cirque. Il répond à une formation généraliste.

LE CNAC

Deux intervenants de Châlon en Champagne viennent présenter le CNAC et ses ressources ouvertes aux multiples dessins.

- c’est avant tout, depuis 2003, une école supérieure qui dispense un diplôme (le DNSP) et une licence.
- c’est aussi une formation continue avec le diplôme d’état pour enseigner dans les arts du cirque (professeur en art du cirque)
- validation d’acquis et d’expérience (VAE)
- formation de formateurs : 3 cessions sont organisées chaque année en direction des professeurs de l’EN. : les académies seront informées afin d’inscrire des volontaires. La formation dure 3 jours plus deux jours facultatifs. Le problème du manque de crédits est soulevé par l’assistance…le CNAC connaît le contexte mais espère maintenir cette formation le plus longtemps possible. Mais jusqu’à quand ?
- c’est aussi un lieu de conférences sur des thèmes
- on y trouve de nombreuses ressources documentaires, dans toutes les langues, parfois uniques. Le centre est ouvert à tous et traite du cirque traditionnel comme du nouveau cirque. L’intervenante évoque quelques « pistes aux étoiles » comme la magie, des ouvrages jeunesses depuis 1880, le thème des femmes artistes, le domaine de la notation, le département des performances, les affiches, les revues … entre autres.
- l’unité de production audiovisuelle regroupe 22 000 vidéos, parfois consultables en ligne. C’est à partir du site : www.cnac.fr que l’accès à l’espace CNAC TV organise les recherches.

On y trouve des exercices classés par discipline, un commentaire technique s’ajoute aux images. C’est là également qu’on puisera les traditionnels DVD pédagogiques, les créations du festival CIRCA à Auch (cirque avant gardiste) et bien d’autres choses.

L’autre aspect évoqué par l’un des intervenants répond à la question : comment préparer une sortie au spectacle de cirque avec ses élèves ?
L’équipe du CNAC a créé un site GRATUIT permettant à des collégiens ou lycéens de piloter un outil d’analyse simple, accessible par internet, sur tablette, etc….

Le site : www.memorekall.fr présente la vidéo d’un spectacle. Pendant son défilement, apparaissent sur l’écran des liens écrits sur lesquels on peut obtenir des compléments d’informations, des photos, des définitions, des références…A la base, ce logiciel était prévu pour les professionnels, il est adapté aujourd’hui à la population scolaire. Est-ce un plus ? Les lycéens sondés ont majoritairement répondus : OUI.

HORS LES MURS :

Mme Floriane GABER, documentaliste du centre national de ressources des arts de la rue et des arts du cirque présente la structure et ses activités : 4 axes de travail se détachent :
-  l’ancrage des arts de la rue et du cirque aux territoires
-  l’accompagnement à l’internationalisation des secteurs
-  la co-construction et la fédération de ressources
-  la stimulation et la valorisation des savoirs
Le site de recherche : www.rueetcirque.fr

Pour ce faire il met en œuvre des actions de mise en réseaux, de documentations, d’information, de conseils, d’édition et de soutien à la recherche en France et dans le monde.

Des visites sont possibles pour les scolaires au siège de Paris, elles s’organisent sur rendez vous et permettent aux personnels de préparer les documents requis
Enfin, l’édition est une des missions phares du centre de ressource, il publie le magasine « Stradda » et son ancêtre « les arts de la piste », les documents audiovisuels « images de la création Hors Les Murs, les parcours découvertes, et la collection Mémento.

Depuis 2014, la ministre de la culture a confié à Hors Les Murs le secrétariat général de la mission nationale pour l’art et la culture dans l’espace public (MNACEP)
Une adresse : Hors Les Murs : 68 rue de la folie Méricourt 75011 Paris

Le site  :www.horslesmurs.fr

Chemin faisant, le repas nous mènera à visiter très rapidement (trop rapidement) le formidable site du centre culturel « CENTQUATRE ». Ancienne friche industrielle dévolue aux pompes funèbres de Paris, la rénovation d’un immense pavillon de 150 mètres de long, 30 de large et 25 de haut confère à ce lieu l’image improbable d’un paquebot dans un océan urbain. L’accès libre au public de la coupole centrale en verre invite le mélange des genres ethniques et culturels.

Les espaces sont partagés entres jeunes artistes, badauds, passionnées, photographes, étudiants en beaux arts… comme une cour des miracles artistiques au pays des libertés. A contempler la sérénité, la diversité, l’écoute et le respect du lieu et des autres …on ressort grandit de la leçon républicaine : liberté égalité fraternité. Respect au directeur de l’établissement qui fut professeur d’EPS en d’autres temps !

LE CIRQUE EN POESIE :

Bernard KUDLAK, co-fondateur du cirque Plûme évoque son parcours, sa destinée. Très imprégné par les deux guerres mondiales, ce petit fils d’émigré polonais a 20 ans en 1970. Après une séance de cinéma il se décide à devenir artiste. Marionnettiste puis jongleur autodidacte, il se félicite d’être un saltimbanque au hasard des coins de rues. Étant musicien dans une fanfare, ses spectacles non subventionnés mélangent les genres et les horizons : il n’est pas issu d’une famille de cirque.

Leur 1er spectacle, en 1978, est un fourre tout de fanfare, d’acrobaties, …avec des fils conducteurs comme la poésie, la littérature et le cinéma. Pour ces enfants nés après la guerre, l’esprit était « plus jamais ça ! ». En s’éloignant de ces conflits, ils ont développé le sens de la poésie et de la joie. Ce n’est qu’en 1983 qu’ils sollicitent une subvention auprès du Conseil régional : 80 000 fr ! et l’aventure commence…

« A l’époque, le cirque n’intéressait plus personne, on était un peu en marge, on allait créer quelque chose que nous avions en commun : l’humanité. Pour cela le cirque au quotidien, c’est un poème en acte, une sorte de malle magique. »

C’est par la pensée de Fellini qu’il instaure la référence aux ombres et aux jeux de lumières sorte de label du cirque plûme. « le clown c’est l’ombre de l’homme ». Il cite également le Vénézuelien Louis Alberto CRESPO « quand j’ouvre la porte, je vois encore l’ombre que tu as laissée »

« Le cirque invite le spectateur à partager un temps immédiat, celui induit le risque de mort. Avant la chute c’est le paradis, le cirque est la nostalgie du paradis. La profondeur de la poésie est là. »

Enfin, il évoque leur projet politique : celui qui espérait trouver une forme qui touche toutes les classes sociales et tous les âges. La difficulté de durer aujourd’hui relève du funambulisme, on peut être très équilibré comme on peut mettre un pied à côté. A 63 ans, il programme déjà la fin de la compagnie dans 6 ans, avec leur dernière création.

Son livre, à acheter sur le site du cirque Plûme : « ABCDaire du Cirque Plûme »

ARIANE DREYFUS : professeur agrégée, académie de Créteil définit les contour de la poésie au travers plusieurs références. Des plus grands auteurs aux créations d’élèves en ateliers d’écritures.

La poésie c’est s’interroger sur l’humain, sur le vivant. Le cirque permet de sortir de soi. Un collégien écrit au lendemain d’un spectacle du cirque Pinder « nos sens sont les seuls spectateurs ». Elle cite également Cocteau « la poésie ce sont les noces du rêve et du concret » ou encore un quidam de lycée « la poésie, c’est étirer la membrane qui me définit »

Elle poursuit son propos en détaillant sa démarche avec une classe. Par exemple elle sollicite la recherche en faisant parler un accessoire de cirque comme le fil de funambule. Les consignes sont des débuts de phrases, l’élève complète la suite pour composer un ensemble pré guidé.
Elle termine son intervention par la lecture de passages tirés de son ouvrage datant de 2008.
Son livre : « la terre voudrait recommencer » aux éditions Flammarion

EPILOGUE :

Après quelques questions, Monsieur l’Inspecteur Général conclu cette journée de séminaire en souhaitant qu’elle en appelle d’autres et remercie toutes les personnes qui ont œuvré à la réussite de l’évènement.

Fait à Montcenis
Le 17 janvier 2016

Yannick Abiad »